Communiqué N°135/2022

Cameroun : Le droit à l’éducation toujours sous la menace !

La rentrée scolaire 2022-2023 a bien eu lieu ce lundi 5 septembre comme prévue par l’Etat Camerounais. Pour autant, si dans les autres huit (08) régions du pays il s’agissait d’une rentrée scolaire normale, dans les régions anglophones par contre (Sud-Ouest et au Nord-Ouest), les écoles sont restées dans l’ensemble fermées et sous protection militaire. 

Les informations venues des régions anglophones ne rassurent pas jusqu’ici sur le début effectif de la rentrée, car la grande majorité des enseignants et élèves n’ont pas pu reprendre le chemin de l’école. Il n’y a que dans les centres urbains du Sud-Ouest, dans les villes de Buéa, Limbe et Tiko que quelques établissements scolaires ont pu ouvrir les portes. Malheureusement, ce n’était pas la même chose dans les autres localités. 

En effet, l’opération « Ghost town » imposée par les groupes armés les lundis a bloqué le démarrage effectif de la rentrée scolaire. Il s’agit d’une opération « ville morte » imposée par les groupes armés depuis le début de la crise en 2016.  Il faut malheureusement relever pour le déplorer, que depuis le début de cette crise, les groupes armés font peser des menaces sérieuses et sévères sur l’école, portant ainsi atteinte au droit à l’éducation des enfants et jeunes des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Dans un rapport intitulé « Ils détruisent notre avenir » publié en 2021, Human Rights Watch documentent les attaques des séparatistes armés contre des élèves, des enseignants et des écoles dans les régions anglophones du Cameroun documente des dizaines d’attaques contre l’éducation en général, menées par des groupes séparatistes armés dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest entre mars 2017 et novembre 2021. Ces groupes ont tué, battu, enlevé, menacé et terrorisé des élèves et des professionnels de l’éducation ; harcelé et intimidé des familles pour qu’elles retirent leurs enfants de l’école, ont brûlé, détruit, et endommagé plus de 200 établissements scolaires. Selon Ilaria Allegrozzi, auteure du rapport, « Ces attaques criminelles ne causent pas seulement des dommages physiques et psychologiques immédiats aux victimes, elles mettent aussi  en péril l’avenir de dizaines de milliers d’élèves ». De ces attaques, la peur qui en résulte et la détérioration de la situation sécuritaire ont entraîné des fermetures d’écoles, jusqu’à deux sur trois dans les régions anglophones, privant plus de 700 000 élèves de l’accès à l’éducation. Allant dans le même sens, un responsable d’établissement scolaire de Bamenda déclare que « les enfants sont devenus des délinquants, ce qui les pousse dans de la toxicomanie. Il y en a d’autres qui sont recrutés et qui se retrouvent dans les rangs des séparatistes. Les jeunes filles abandonnent leurs études, elles sont ensuite exposées au viol ou à des maladies innommables» (dans un article publié par actucameroun.com 

Cet état des choses démontre clairement que l’éducation dans les zones anglophones du Cameroun est vraiment mise à mal du fait de la crise sécuritaire.

Par ailleurs, Il faut aussi relever que l’un des freins à la jouissance du droit à l’éducation pour les élèves du Cameroun en général, et ceux ressortissants des régions en crise en particulier, est l’exigence du paiement des frais d’APEE (Association de Parents d’Elèves et Enseignant) qui est frein réel à l’accès à l’éducation et une entrave à la gratuité de l’enseignement primaire et secondaire.

Les enfants déplacés internes du fait de la crise dans les régions anglophones sont aussi en proie à des difficultés considérables pour d’accès aux établissements scolaires dans les villes où ils ont trouvé refuge avec leurs parents. En effet, l’exigence de ces frais d’APEE ferme la porte des établissements scolaires à bon nombre de ces enfants.

Nouveaux droits de l’Homme réitèrent que le droit à l’éducation est un droit humain fondamental qui doit préoccuper la communauté de manière constante, et c’est dans cette logique qu’elle :

 – Demande au Premier Ministre de prendre une mesure urgence afin d’assurer la gratuité de l’enseignement pour les enfants déplacés internes et d’entamer une réforme des associations des parents d’élèves et enseignants.

– Appelle les groupes armés à s’engager à la protection du droit à l’éducation. 

Fait à Yaoundé le 07 Septembre 2022.

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